Tu rêves d'avoir froid, allongé sur le dos, torse nu au milieu du lit. Tu te réveilles. Tu as froid, allongé sur le dos, torse nu au milieu du lit. Tu tires à toi le drap lourd, et tu te rendors. Tu es réveillé en sursaut par des trombes d'eau qui s'abattent autour de la chambre. Tu es seul, allongé sur ton lit. Elle dormait, et quand tu t'es penché sur elle pour sentir son souffle, elle a entrouvert les yeux, elle s'est étirée dans un sourire en sentant ta présence.
Chaque matin, avant que la volonté ne revienne, l'éveil était un désir paisible, une plénitude de tendresse. Et ce dernier matin, encore. Elle ne veut pas s'en souvenir.
Tu aimais ces instants où chacun s'acceptait à coté de l'autre, sans lutte. Et puis, peu à peu, vous vous êtes renvoyés à la volonté. A la volonté et ses accusations, et ses dénis. Vous n'en aviez pas rompu le cercle, vous vous étiez juste accordés un havre de paix. Un havre de paix que tu pensais retrouver en lui disant que tu l'aimais justement dans ce qu'elle était, et non ce qu'elle voulait être. Que tu l'aimais même avec ses peurs et ses balbutiements, et non pas seulement dans ses victoires et ses joies. Et ça pouvait-elle l'entendre, quand tu as essayé de le lui dire? Ce qui reste ici, c'est que t'es un peu perdu et oublié en chemin.
Depuis que tu es sorti du trou de non-vie, pourtant, tu apprends à accepter le vide et le silence qui t'habitent. Tu ne peux pas les apprivoiser, et pourtant ça te submerge comme une houle, ça te peuple comme la mer autour de toi et au dessus de toi. Tu es un roulement de silence habité de mille colères, milles colères assourdies, mille colères au grondement inaudible. Elles sont la paix qui t'habite, elles sont devenues cette paix depuis que tu apprends à nager, non pas contre elles, mais avec elles.
Tu rêves d'avoir froid, allongé sur le dos, torse nu au milieu du lit. Tu te réveilles. Tu as froid, allongé sur le dos, torse nu au milieu du lit. Tu tires à toi le drap lourd, et tu te rendors. Tu es réveillé en sursaut par des trombes d'eau qui s'abattent autour de la chambre. Tu es seul, allongé sur ton lit, habité de tristesse et de colère.